Marchés et économie L’instabilité géopolitique se poursuit à l’aube de la nouvelle année
Dans le monde entier, les marchés ont gagné du terrain l’an dernier, malgré l’incertitude géopolitique, une tendance qui, selon moi, devrait se poursuivre.
Les corrections boursières ne sont pas rares. La question est de savoir si quelque chose de plus important se produit, c’est-à-dire une récession.
À mon avis, les marchés sont trop préoccupés par une récession aux États-Unis. Je crois toujours que le marché américain de l’emploi se porte relativement bien.
Je crois que si la Réserve fédérale américaine (la Fed) commence à assouplir sa politique monétaire en septembre, elle sera probablement en mesure d’éviter une récession.
Cette chronique fait suite aux ventes massives sur les marchés mondiaux. Lundi, les actions japonaises ont ouvert la voie à une baisse de 12,4 %1 et les actions européennes ont reculé dans une moindre mesure, terminant en baisse de 2,2 %.2 Les marchés américains ont chuté et l’indice de volatilité VIX a brièvement bondi au-dessus de 60.3 Qu’est-ce qui a provoqué ce plongeon, que devraient faire les investisseurs maintenant et quels indicateurs surveillerons-nous?
Lors de sa réunion du mercredi 31 juillet, la Réserve fédérale américaine (la Fed) a maintenu les taux d’intérêt à leurs niveaux actuels et a refusé de s’engager fermement à les réduire en septembre, bien qu’elle ait laissé la porte grande ouverte à une réduction de taux. Mercredi, les marchés ont accueilli la nouvelle avec véhémence, mais ont réagi de façon négative jeudi et encore plus défavorable vendredi, en raison de la publication de résultats décevants et de données indiquant un affaiblissement de l’économie américaine :
Contrairement à la Fed, d’autres banques centrales ont pris des mesures la semaine dernière.
La Banque du Japon a pris deux importantes décisions de politique monétaire. Premièrement, elle a relevé son taux directeur. Deuxièmement, elle a décidé de réduire ses achats d’obligations gouvernementales japonaises à long terme d’environ 400 milliards de yens par trimestre jusqu’en mars 2026, ce qui constitue une mise en œuvre d’une politique de resserrement quantitatif. Il est important de noter que la Banque du Japon effectuera une évaluation intermédiaire du plan d’achat et pourrait modifier le montant de l’achat, au besoin.
Stimulée par des données sur l’inflation en baisse, la Banque d’Angleterre a réduit son taux directeur de 25 points de base pour le porter à 5,0 %, sa première baisse de taux depuis la pandémie et le premier de ce cycle. Il devrait s’agir d’un cycle d’assouplissement graduel; le marché anticipe deux réductions de taux par la Banque d’Angleterre cette année. Il est important de noter que, bien que l’inflation de l’indice des prix à la consommation soit tombée à la cible de 2 % de la Banque d’Angleterre, les prévisions d’inflation du Comité de la politique monétaire de la Banque d’Angleterre ont été révisées à la hausse en fin d’année (à 2,7 %) pour tenir compte des effets de base de la baisse relative des prix de l’énergie de l’an dernier. La Banque d’Angleterre prévoit que les effets secondaires des prix et des salaires intérieurs persisteront, mais il n’y a pas de consensus quant à la durée de ces effets au sein des membres du Comité.
Cela nous amène au 5 août. La chute de plus de 10 % des actions japonaises n’est pas une surprise totale, étant donné que le yen japonais s’est fortement raffermi. Comme nous l’avons mentionné la semaine dernière dans la foulée de la décision de la Banque du Japon, il existe un risque évident que le raffermissement du yen affaiblisse les actions japonaises, comme cela a été le cas au cours des dernières semaines et des dernières décennies.6
En revanche, j’ai été surprise de voir l’indice VIX grimper même brièvement au-dessus de 60. À mon avis, cela laisse entrevoir une réaction excessive.
Que doit faire un investisseur?
D’abord et avant tout, restez calme. Il ne faut pas oublier que les corrections boursières ne sont pas rares. Elles se produisent la plupart du temps et n’ont pas tendance à sortir de nulle part. Notre indicateur tactique est devenu défensif au début de juillet, car la croissance était inférieure à la tendance et ralentissait. Nous ne sommes pas surpris de voir les obligations se redresser et les actions, reculer. Au milieu de l’année, nous avons indiqué que nous ne serions pas surpris de voir une correction (puis une reprise) avant la fin de l’année.
La question est de savoir si quelque chose de plus important se produit, c’est-à-dire une récession. Nous pensons que les marchés sont trop préoccupés par une récession. Même si nous croyons que la Fed a accru les risques de récession en n’effectuant pas de compressions en juillet, nous croyons toujours que le marché américain de l’emploi se porte relativement bien et que les employeurs semblent réticents à réduire leurs effectifs. Cela dit, les marchés ont connu une forte remontée cette année, ce qui donne à penser que les bonnes nouvelles sont prises en compte, et il est donc logique que nous connaissions une correction importante compte tenu des récents événements : la Fed est plus ferme que prévu, l’instabilité croissante au Moyen-Orient, des bénéfices décevants dans le secteur des technologies et une incertitude accrue à l’égard de l’élection présidentielle aux États-Unis. Bien sûr, les marchés sont peu négociés en août.
Mais nous croyons aussi qu’il existe d’excellentes raisons d’être optimistes à l’égard de ces ventes massives :
Des bénéfices supérieurs aux prévisions. Malgré des résultats décevants, la période de publication des résultats a été relativement positive. Parmi les 75 % des sociétés de l’indice S&P 500 qui ont publié leurs résultats réels, 78 % ont fait état d’un bénéfice par action (BPA) positif et 59 % ont fait état d’un chiffre d’affaires positif.7
Prévisions pour le troisième trimestre. Plus important encore, les prévisions de bénéfices pour le troisième trimestre n’ont pas été révisées à la baisse au-delà de ce qui est habituel pour le premier mois du trimestre. La prévision ascendante du BPA pour le troisième trimestre (qui correspond à l’ensemble des prévisions du BPA médian de toutes les sociétés de l’indice S&P 500) a diminué de 1,8 % entre le 30 juin et le 31 juillet.8 Cette baisse est égale à la moyenne sur 5 ans, à la moyenne sur 10 ans et à la moyenne sur 20 ans des sociétés de l’indice S&P 500. Au cours de ces trois périodes, les prévisions de bénéfices ont été révisées à la baisse en moyenne de 1,8 %.8 De plus, les contributions à la croissance des bénéfices se sont élargies, les prévisions de bénéfices indiquant une contribution plus importante de la part de sociétés autres que les Sept magnifiques.
Les indicateurs de récession n’ont pas été déclenchés. Nous ne pensons pas que le risque d’une récession ait augmenté de façon importante. Si vous pensez aux principales caractéristiques d’une récession, elles n’ont pas été déclenchées :
Baisses de taux de la Fed. Selon nous, il est pratiquement certain que la Fed abaissera les taux avant la fin du troisième trimestre, et probablement de nouveau en novembre et en décembre. Il est de plus en plus probable que la Fed abaisse son taux directeur de 50 points de base en septembre et il est de plus en plus probable qu’elle le fasse avant cette réunion. (Les participants aux marchés ont même brièvement anticipé lundi que la Fed devrait effectuer une réduction d’urgence avant cette réunion.14) Nous notons que le rapport de juillet sur l’emploi aux États-Unis a également fait état d’une baisse du salaire horaire moyen à 3,6 %15, ce qui indique une baisse continue de l’inflation des salaires, ce qui devrait donner à la Fed plus de confiance pour commencer à réduire.
Évaluations. L’un des principaux avantages des ventes massives est que les évaluations, qui étaient certes très élevées, sont déjà devenues plus attrayantes.16 De plus, les investisseurs sont susceptibles de réinvestir une grande partie de leurs liquidités à mesure que les aubaines se matérialiseront.
Pour ceux qui ont un horizon de placement plus long que quelques mois, je pense qu’il est important d’être patient. Oui, comme je l’ai indiqué dans le blogue de la semaine dernière, je crois que c’est une erreur que la Fed n’ait pas réduit les taux la semaine dernière, mais je ne crois pas que cela causera des dommages irréparables à l’économie. À mon avis, ces ventes massives sont une réaction très émotive des marchés, qui surestime la possibilité d’une récession. Nous prévoyons des baisses de taux et nous savons que l’économie américaine se porte relativement bien.
Notre scénario de base est qu’il n’est pas trop tard pour que la Fed commence à réduire ses taux. Si la Fed commence bientôt à assouplir sa politique monétaire, nous croyons qu’elle sera probablement en mesure d’éviter une récession, et l’économie américaine devrait connaître une réaccélération de la croissance à la fin de 2024 et au début de 2025.
Je ne serais pas surprise de connaître un contexte de marché volatil et difficile au cours des prochaines semaines. Toutefois, je crains toujours que la plus grande erreur que les investisseurs à long terme pourraient faire soit d’avoir peur et de quitter les marchés. J’ai vu cette réaction émotionnelle des investisseurs se produire dans le cadre d’importantes ventes massives au fil des ans, y compris lors de la crise financière mondiale, et c’est peut-être la décision la plus dommageable que les investisseurs puissent prendre. J’ai plutôt bon espoir que ces ventes massives pourraient représenter une occasion pour les investisseurs patients qui surpondèrent fortement les liquidités d’envisager de réduire cette exposition.
La conférence de Jackson Hole débutera dans quelques semaines. Il s’agit d’une occasion pour les décideurs de la Fed de se rapprocher d’un engagement à réduire les taux et aussi d’exprimer leur point de vue sur le sujet des étoiles R, soit le taux d’intérêt réel à long terme qui est considéré comme neutre, c’est-à-dire ni expansionniste ni contractionniste, lorsque l’économie est au plein emploi. Selon moi, il s’agit d’un concept très obscur – un concept qui peut être considéré comme « très imprécis » et assujetti à une « importante erreur d’évaluation en temps réel »17 –, mais qui devrait nous donner une idée de la direction que pourrait prendre la Fed lorsqu’elle commencera à réduire les taux.
Avec les contributions de Paul Jackson, Tomo Kinoshita, Brian Levitt et Emma McHugh
Source : Bloomberg, au 5 août 2024. Basé sur l’indice Nikkei 225.
Source : CNBC, Europe stocks close 2.2% lower amid global downturn as volatility index spikes to Covid-era high, 5 août 2024. Basé sur l’indice Stoxx 600.
Source : Bloomberg, au 5 août 2024.
Source : S&P Global, 31 juillet 2024.
Source : US Bureau of Labor Statistics, 2 août 2024.
Sources : Bank for International Settlements, MSCI, LSEG Datastream et Invesco. Selon le rendement de l’indice MSCI Japon par rapport à l’indice MSCI Monde et la vigueur du yen japonais de janvier 1998 au 2 août 2024.
Source : FactSet Earnings Insight, au 2 août 2024.
Source : FactSet Earnings Insight.
Source : Enquête menée par la Réserve fédérale américaine auprès des agents de prêts principaux, au deuxième trimestre de 2024.
Source : Données économiques de la Fed de St. Louis, au 5 août 2024. L’écart ajusté en fonction des options de l’indice ICE BofA US High Yield est actuellement de 3,72, ce qui est nettement inférieur aux niveaux observés au début des récessions de 2001 et de 2007-2008, ainsi qu’à la récession de 2020.
Source : Bloomberg, Goldman Economists Lift ‘Limited’ US Recession Risk to 25%, 4 août 2024.
Source : Réserve fédérale américaine, au premier trimestre de 2024.
Source : US Bureau of Labor Statistics, selon la moyenne historique de 1948 à 2024.
Source : Bloomberg, au 2 août 2024.
Source : US Bureau of Labor Statistics, 2 août 2024.
Source : FactSet Research Systems. Selon FactSet, le ratio cours/bénéfice prévisionnel au 2 août 2024 était de 20,7, comparativement à 21,2 au 19 juillet. Basé sur l’indice S&P 500.
Source : Federal Reserve Bank of New York.
Dans le monde entier, les marchés ont gagné du terrain l’an dernier, malgré l’incertitude géopolitique, une tendance qui, selon moi, devrait se poursuivre.
La tendance croissante au conservatisme budgétaire, l’importance soutenue de la politique monétaire, l’intensification des risques géopolitiques et l’innovation technologique pourraient dicter l’orientation des marchés mondiaux au cours de la nouvelle année.
La déréglementation et les baisses d’impôt pourraient stimuler la croissance de l’économie et du marché américains, tandis que les droits de douane et les restrictions en matière d’immigration pourraient poser des défis.
Renseignements importants
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Image : Getty
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De façon générale, la valeur des actions fluctue, parfois beaucoup, à la suite d’activités propres à la société concernée ou en fonction des conditions du marché, de l’économie ou de la situation politique.
Les risques liés aux placements dans des titres d’émetteurs étrangers peuvent inclure les fluctuations de change, l’instabilité économique et politique et les particularités fiscales des pays étrangers.
Les obligations spéculatives comportent un risque plus élevé de défaut ou de fluctuation de prix en raison des variations de la cote de solvabilité de l’émetteur. La valeur des obligations spéculatives fluctue davantage que celle des obligations de grande qualité et peut subir de fortes baisses sur de courtes périodes.
L’indice S&P 500® est un indice non géré considéré comme représentatif du marché boursier américain.
L’indice Nikkei 225 est une moyenne pondérée des cours des 225 plus importantes sociétés japonaises cotées à la première section de la Bourse de Tokyo.
L’indice STOXX® Europe 600 représente les sociétés à grande, moyenne et petite capitalisation de 17 pays de la région européenne.
L’indice de volatilité VIX® du CBOE est une mesure clé de la volatilité prévue à court terme sur le marché qui est obtenue à partir des cours des options de l’indice S&P 500. VIX est le symbole boursier de l’indice de volatilité Chicago Board Options Exchange (CBOE), qui est un indicateur des attentes du marché en matière de volatilité sur 30 jours.
Les indices des directeurs d’achats sont fondés sur des enquêtes mensuelles menées auprès de sociétés du monde entier et évaluent les conditions économiques dans les secteurs de la fabrication et des services.
L’indice des prix à la consommation (IPC) mesure la variation des prix à la consommation. L’IPC de base exclut les prix des aliments et de l’énergie, tandis que l’IPC global en tient compte.
L’indice MSCI Japon mesure le rendement des segments des grandes et moyennes sociétés du marché japonais.
L’indice MSCI Monde est un indice non géré considéré comme représentatif des actions des pays développés.
Le taux des fonds fédéraux, ou le taux de la Fed, est le taux auquel les banques se prêtent de l’argent à un jour.
Le resserrement quantitatif est une politique monétaire utilisée par les banques centrales pour normaliser leur bilan.
Un point de base correspond à un centième de point de pourcentage.
Les effets de base font référence à une distorsion dans un taux d’inflation mensuel qui résulte de niveaux d’inflation anormaux au cours du mois de l’année précédente.
Les titres des « Sept magnifiques » désignent Amazon, Apple, Alphabet, Meta, Microsoft, Nvidia et Tesla.
Le bénéfice par action (BPA) désigne le bénéfice total d’une société, divisé par le nombre d’actions en circulation.
Le ratio cours/bénéfice prévisionnel est calculé en divisant le cours actuel de l’action d’une société par son bénéfice prévu, habituellement pour les 12 prochains mois ou le prochain exercice complet.
L’écart représente la différence entre deux valeurs ou deux rendements d’actifs.
L’enquête menée auprès des agents de prêts principaux est dirigée par la Réserve fédérale américaine afin de fournir des renseignements qualitatifs et quantitatifs limités sur la disponibilité du crédit bancaire et la demande de prêts, ainsi que sur l’évolution des marchés des prêts aux États-Unis. L’indice ICE Bank of America US High Yield suit le rendement des titres de créance de sociétés de qualité inférieure libellés en dollars américains émis sur le marché intérieur américain.
L’écart ajusté en fonction des options est l’écart de taux qui doit être ajouté à une courbe de référence pour actualiser les paiements d’un titre afin qu’ils correspondent à son prix sur le marché, en utilisant un modèle de tarification dynamique qui tient compte des options intégrées.
Les opinions exprimées ci-dessus sont celles de l’auteur en date du 5 août 2024. Les présents commentaires ne doivent pas être interprétés comme des recommandations, mais comme une illustration de thèmes généraux. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas les résultats futurs. Ils comprennent des risques, des incertitudes et des hypothèses; il n’est pas garanti que les résultats réels ne seront pas considérablement différents des attentes.
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